Article proposé par CH sur la page « Si tu veux mon avis »

Si tu veux mon avis, la période est tout à fait propice au fait d’expliquer pourquoi il n’y a pas d’opposition entre « libéraux » et « populiste ».

En Europe, on nous explique depuis des années qu’il y a d’un côté les libéraux, qui seraient progressistes, ouverts sur le Monde, qui véhiculeraient des valeurs positives, et de l’autre les populistes, démagogiques, fermés, bref, l’extrême droite.

En fait, cette opposition est totalement artificielle. Pour s’en rendre compte, je vais faire un parallèle entre la situation au Brésil et la situation en France.

Lors de l’élection présidentielle française de 2017, on a eu Macron Vs Le Pen au second tour et on a eu droit à la leçon sur Macron le progressiste qu’il faut préférer à Le Pen la populiste. Déjà, Le Pen est une fasciste, elle est issue d’un parti fasciste, les idées qu’elle défend sont fascistes, elle est alliée à l’échelle nationale, européenne et mondiale avec des mouvements fascistes, mais non, le qualificatif qui lui colle à la peau dans la bouche des politiciens libéraux et des médias c’est « populiste » et non « fasciste ». Le fait d’utiliser le terme populiste plutôt que le terme fasciste en dit long, en effet, c’est révélateur d’une volonté de discréditer tous les mouvements qui tiennent un discours en direction des masses, que ce discours soit fait de mensonges opportunistes comme celui de Le Pen ou qu’il soit sincère et construit comme c’est le cas de celui de certaines organisations communistes révolutionnaires.

En suite, cette opposition artificielle a une seule vocation : légitimer un discours et une politique ultra libérale, au service exclusif de la bourgeoisie, faite de mesures anti pauvres.
Mais il ne faut pas se leurrer pour autant, Le Pen n’est en aucun cas la candidate « du peuple », elle n’est pas plus « sociale » que Macron et si son parti se fait passer depuis des années pour un parti se préoccupant du sort des plus pauvres, ce n’est que de la poudre aux yeux, ce n’est rien d’autre qu’une stratégie politique d’un parti fasciste s’inscrivant dans un contexte particulier.

Montée du Fascisme partout en Europe : ici en Slovaquie

En fait, tout n’est qu’une question de contexte et de stratégie politique. Dans le contexte actuel en France, après des années de mesures antisociales, les mouvements fascistes n’ont pas d’autres choix que de se présenter comme étant préoccupés par les questions sociales si ils veulent pouvoir se faire passer pour des mouvements anti système, si ils veulent attirer vers eux les masses qui ont été dégoûtées par la politique menée par l’UMP et le PS. Mais comme la France n’est pas dans un contexte de crise aigüe, comme il n’y a pas de risque important d’insurrection en France, le fascisme n’apparaît pas encore comme étant absolument nécessaire pour la bourgeoisie, celle-ci se contente donc très bien d’un gouvernement libéral, feignant de se préoccuper des droits de l’Homme, pour gérer l’État.

Maintenant, il suffit de voir ce qu’il se passe dans des pays où les mouvements sociaux sont forts, où le risque d’insurrection est élevé et où des mouvements révolutionnaires gagnent en influence pour comprendre que le fascisme n’est rien d’autre qu’un instrument de la bourgeoisie. Le Brésil en est le partait exemple.

Dimanche soir, le fasciste Jair Bolsonaro a été élu Président du Brésil sur la base d’un programme ultra réactionnaire, violent, autoritaire, mais également très libéral sur les questions économiques. Quand on écoute les partisans de Bolsonaro, ceux-ci n’ont de cesse de dire qu’ils tueront les communistes et les gauchistes. Et pour cause, le Brésil a connu de très nombreux mouvements sociaux d’ampleur ces dernières années, il y a des mouvements révolutionnaires forts au Brésil, des mouvements qui n’ont fait que gagner en influence ces dernières années, alors au Brésil, le fasciste Bolsonaro, appuyé par la bourgeoisie, a fait le choix stratégique de revendiquer une politique économique libérale et une politique sécuritaire et sociétale ultra autoritaire, et ça a payé. Bolsonaro a gagné de nombreuses voix dans les Favélas du pays, zones où les populations n’en peuvent plus de vivre au milieu d’une guerre que se livrent les gangs et les cartels de drogue, c’est sur le thème de la sécurité qu’il a séduit les habitants de ces zones. Mais Bolsonaro a surtout gagné le coeur de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie brésilienne, en effet, il est arrivé en tête dans 97% des villes les plus riches du pays alors que son opposant, Fernando Haddad du parti des travailleurs, est arrivé en tête dans 98% des villes les plus pauvres.

Les fascistes sont toujours au service de la bourgeoisie, ils adaptent leur discours au contexte, ce qui fait qu’il n’y a aucune cohérence, que les positions politiques des mouvements fascistes ne sont pas linéaires. Il suffit de voir comment le Front National proposait des mesures économiques ultra libérales dans les années 90 alors qu’aujourd’hui il feint de s’opposer au libéralisme. Les mouvements communistes révolutionnaires, au contraire, doivent être cohérents dans leurs propositions. Ils doivent être conscients du contexte dans lequel ils agissent mais ne doivent pas, de manière opportuniste, changer perpétuellement de position sur des sujets importants au gré des modes politiques.

Les unes des mêmes médias libéraux qui se demandent comment l’extrême droite peut monter en France

Il ne faut pas oublier également que ce sont les politiciens libéraux, prétendument progressistes, qui sont responsables de la montée en puissance des mouvements fascistes, ce qui n’est pas étonnant finalement étant donné que les deux ont vocation à servir les intérêts de la bourgeoisie. En effet, en reprenant à leur compte les thématiques imposées par les fascistes dans le débat public depuis des années, les libéraux ont contribué à faire de ces thématiques des sujets centraux et ainsi à faire gagner du crédit politique aux organisations fascistes, le dernier exemple en date de cela est le clip de campagne du gouvernement pour les élections européennes qui nous présente deux options en matière d’immigration : maîtriser ou subir.

Face aux mouvements fascistes qui prospèrent en Europe occidentale en se faisant passer pour les défenseurs des intérêts des plus pauvres, face aux mouvements fascistes qui prospèrent en Turquie, aux Philippines, au Brésil et ailleurs car la bourgeoisie les considère comme l’ultime ressource face aux mouvements révolutionnaires communistes et au risque d’insurrection, nous devons opposer une résistance radicale, radicalement antifasciste, exposer publiquement la vraie nature des mouvements fascistes. En parallèle de cette résistance, nous devons faire avancer la lutte des classes, nous devons faire avancer la Révolution, car seule la prise de pouvoir de la classe ouvrière pourra triompher du capitalisme et de son allié le fascisme.

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