Dimanche 2 septembre, au hangar de la Cépière était organisée une projection / rencontre / discussion autour du dernier film du réalisateur militant Yannis Youlountas : L’amour et la révolution.

Le Hangar de la Cépière à Toulouse

Entre les tables de l’Union Antifascistes Toulousaine, d’Alternative Libertaire et de la Coordination des groupes anarchistes, circulaient les enfants tachant de ne pas renverser leurs sirops sur les tracts. Au détour du bar, on a pu croiser tout autant des figures de la lutte antifasciste comme Jean-Marc Rouillan (qui prépare un livre sur les années action directe) que des jeunes militant·e·s d’associations du Tarn (ELAFF : écolo-libertaires antifascistes et féministes).

Etaient aussi présent·e en tant qu’invité·e·s certain·e·s des premier·ère·s acteur·ice·s du film : Giorgos du groupe anarchiste Rouvikonas (qui a bien failli de ne pas pouvoir quitter la Grèce suite à la polémique qu’à suscité sa tournée en Europe dans la presse grecque), Mimi Féline du Squat de migrants Notara 26 et Perseus du média autonome Perseus 999.

Le Film

Le film en lui même, disponible sur youtube dans plus de 5 langues, est à la fois impactant et joyeux. La réalisation nous guide de mode de lutte en mode de lutte, à travers les portraits parfois marrant, souvent touchant de différent·e·s militant·e·s et sympathisant·e·s des initiatives politiques et sociales émanant d’Exárcheia (quartier d’Athène qui occupe une large place dans le film).

Le tout avec pour fil rouge une espèce d’humanité évidente qui transpire de chaque image. En effet, on passe à la bonne bouille de Kostas qui prépare des repas dans la rue pour les plus démuni·e·s, au regard perçant de Mimi qui nous explique sa vision de l’accueil des résidents (nom qu’on décidés de se donner les réfugiés du Squat Notara 26) en passant par le témoignage de Daouda qui nous raconte son périple depuis la Côte d’Ivoire, son arrivée à Athènes et son engagement politique.

Cette mosaïque de personnages réel·le·s nous donne à voir que les luttes sont plurielles. Tantôt tournées vers l’action directe lorsque Rouvikonas assiège des batiments administratifs, tantôt vers l’action sociale lorsque que Notara 26 mène une campagne de récolte de jouets, lait infantile et couches à destination des enfants du squatte. Mais toutes ces luttes proviennent du même quartier, ces gens se connaissent et sont solidaires les un·e·s des autres.  C’est donc tout naturellement qu’une partie de ces militant·e·s ait pris en main un autre aspect essentiel de la lutte : l’image.

« Donner à voire » une action politique c’est se positionner par rapport à cette dernière. Et c’est aussi cette question qui réapparait durant tout le film, d’abord par le discours sur les médias grecques qui ont beaucoup de mal à ne pas être ridicules lorsqu’ils confondent « convoi d’armes » et « collecte de béquilles » ou « chef du groupe terroriste » et « membre du groupe anarchiste », aussi, par la réflexion apportée par Perseus 999 et Rouvikonas : filmer soi-même ses actions, c’est choisir ce qui passera dans les médias tout en les boycottant, c’est les empêcher de dévoyer la réalité et c’est montrer la répression habituellement passée sous silence. Enfin, c’est par l’existence même du film de Yannis Youlountas et de l’organisation de ses projections à travers la France et l’Italie que l’expression « donner à voire » prend tout son sens.

Ce film est un cadeau. Il faut le voir, le dupliquer, le partager, le projeter un peu partout. C’est à la fois un hymne puissant pour la révolution sociale et libertaire et à la fois un constat d’amour profond pour cette dernière et donc pour l’humanité.
Si vous avez la chance de vivre pas trop loin de l’un des lieux de projections, n’hésitez pas une seconde : c’est un film qui se partage et qui se discute.


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